Ce château repaire, qui peut être défini comme une maison seigneuriale
fortifiée, est construit dans le vallon de La Roque.
Le site, n'offrant la possibilité d'aucune défense naturelle particulière, justifie
la présence de ce repaire, non pas au centre d'un mandement, mais en position
isolée avec une exploitation agricole vivrière à proximité (Le Bousquet).
Les périodes troubles de notre histoire, mais aussi l'évolution politique et
sociale, correspondent à l'essor des repaires, dont les constructions s'échelonnent
principalement du XIIè au XVIIè siècles.
L'origine de celui de la Roque semble remonter au XVè siècle, après la fin des
hostilités de la Guerre de Cent Ans.
Le château semblait être sous la domination de celui de Brusque appartenant
au cours des XVè et XVIè siècles aux Clermont - Lodève puis aux Comeilhan, sorte
de poste avancé du Castellas, défendant la vallée, alors que le Château
de Fayet fut pour les seigneurs de
Brusque un château de plaisance.
Le bâtiment d'origine semble réduit à une salle avec une curieuse tour d'escalier à vis, en saillie, formant un éperon, mais se terminant en forme carrée dans le haut. Le passage de l'angle aigu, à la ligne légèrement brisée de la partie supérieure s'effectue au moyen de deux groupes de trois consoles, successivement à deux, puis trois ressauts sur les angles extérieurs. Ces consoles déterminent ainsi de part et d'autre de l'arête centrale, un double mâchicoulis aux extrémités.
Le rôle de cette tour, symbole seigneurial, est essentiellement défensif,
comme en témoignent les différentes archères, arquebusières, ou bouches à feu,
et servait de poste de guet.
Elle fut ceinturée, plus tardivement de créneaux qui furent arasés en 1950,
comme la tour du levant.
Une seconde période de travaux peut être datée avec précision grâce à la
canonnière qui porte la date de 1577 ; l'ajout d'éléments défensifs qui flanquent
la façade ouest : la bretèche portée simplement par trois consoles à deux ressauts,
et l'élégante échauguette formant un parallélépipède, dominaient une douve entourant
l'édifice de bise et du couchant (du nord à l'ouest).
La fin de la Renaissance a aussi orné la façade méridionale de linteaux à arc
brisé, rappelant des mâchicoulis. Cette construction médiévale a su éviter,
par bonheur, des transformations outrageuses qui en auraient altéré l'authenticité.
Les seuls travaux, s'échelonnant du XVIIIè au XIXè siècles, ont eu pour
but de transformer ce corps de logis en un château, où par sa taille modeste,
il est toujours aussi agréable de résider. Un habile ordonnancement des pièces
où l'on retrouve un souci évident de décoration et d'art de vivre : les peintures
du XVIIè siècle avec figuration de blasons, les plafonds tous à la française,
les cheminées monumentales à bossage ou celles de marbre surmontées de gypseries...
La disparition des fenêtres a meneaux au midi, pour aménager de nouvelles ouvertures,
semble seule à déplorer, et peut être aussi une galerie sur cour comme le laisse
supposer une série de colonnes à fût coupé disséminées dans le parc.
Celui-ci à fait l'objet au XVIIIè siècle de soins particuliers, offrant dans un espace relativement réduit, une variété de paysages: une partie romantique au nord, plantée d'arbres centenaires et agrémentée d'un grand bassin, recueillant une source voisine, puis successivement deux autres (un de rocaille, l'autre de pierre sous voûte).
Une autre partie fut créée par nivellement afin de disposer un jardin à la française de buis et de houx et diverses variétés anciennes de roses. Celle-ci sera replantée prochainement puisque ces dernières décennies avaient fait place à un jardin potager, limité par des arbres fruitiers, reprenant peut-être par hasard, la science du jardin médiéval. Cet espace rectangulaire a pu, en effet, abriter différents jardins à destinations bien définitives : l'herbularius (plantes médicinales), l'hortus(potager), le verger (pouvant accueillir aussi les tombes). Protégé par les murs, il pouvait évoquer le paradis, avant de se rendre sur la butte (tabor) permettant de contempler l'ensemble en position dominante. Suivaient un patus et une aire.